Découvrez la seconde série d’interviews de 3 dirigeantes de PME. Elles nous disent comment elles articulent leur vie de femme & de dirigeante, ce qu’elles pensent de la féminisation du Comex de la CPME dans lequel elles siègent, et elles réagissent à l’inclusion digitale des femmes, le thème 2023 de la Journée internationale des droits des femmes. Une parole vivante et inspirante !
GABRIELLE GODON, MEMBRE DU COMITE EXECUTIF DE LA CPME ET DIRIGEANTE D’AIRELLE SERVICES
Femme et dirigeante en 2023 : une équation complexe, ou pas ?
Est-ce une « équation » ? En tout cas, une équation à plus d’inconnues que pour un homme, c’est certain ! La complexité consiste à résoudre au mieux la conciliation entre la vie privée (mère de famille, épouse…) et la vie de dirigeante d’entreprise, en particulier de PME puisqu’il n’y a pas nécessairement au sein de ces structures les fonctions supports des grands groupes sur lesquelles s’appuyer ou déléguer. C’est la charge mentale cumulée qui est lourde.
Pour autant, la question de l’âge est aussi importante. Passé 50 ans, les enfants ayant grandi, c’est plus simple de consacrer du temps et de l’énergie à sa propre entreprise, ainsi qu’à des mandats qui vous enrichissent et qui nourrissent votre réflexion. C’est même là un des moteurs de la croissance. La discrimination positive et la typologie sectorielle peuvent aussi être des « avantages concurrentiels » dans un univers dirigeant plutôt dominé par le masculin, comme dans le secteur de la propreté que je représente au Comex de la CPME.
Cette question vous parait-elle toujours d’actualité, ou est-elle dépassée ?
La question sera dépassée à mon sens quand on aura cessé de se la poser ou de la poser aux femmes ! C’est aussi une question de leadership qui n’est pas une qualité innée ni masculine, et qui s’acquiert au fil du temps, des expériences professionnelles et des échecs surmontés. En cultivant son authenticité et sa singularité, chaque femme peut acquérir une posture de leader et de dirigeante en incarnant sa vision, ses engagements et les valeurs qui lui sont propres.
Vous faites partie du Comex de la CPME qui s’est féminisé ces dernières années, c’est une bonne chose ?
Bien entendu ! Je ne serais sans doute pas là où je suis si j’avais été un homme ! Apport de complémentarité, de mixité, d’intelligence émotionnelle et de partage de valeurs, la féminisation des Codir, Comex et autres Conseils d’administration est à la fois un progrès et un facteur clé de succès de ces organisations.
« Pour un monde digital inclusif » : c’est le thème choisi cette année par l’ONU. L’idée est d’autonomiser les filles et les femmes par le numérique. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Avez-vous une initiative à nous partager ?
L’innovation et la technologie pour l’égalité des sexes est un thème crucial et c’est un véritable travail à accomplir pour déconstruire les mythes et les préjugés. Le progrès en matière numérique est clé pour un avenir durable car l’accès aux technologies numériques devrait être accessible aux hommes autant qu’aux femmes. Plusieurs programmes sont mis en place pour accéder à ce savoir numérique qui rendrait les femmes et les filles plus autonomes. C’est essentiel de privilégier toutes les initiatives allant dans ce sens. L’inclusion numérique n’est à mon sens pas que sexuée mais surtout d’ordre social.
JOËLLE PREVOT MADERE, PRESIDENTE DE LA SECTION INDUSTRIE DE LA CPME ET DIRIGEANTE DES TRANSPORTS YVES PREVOT
Femme et dirigeante en 2023 : une équation complexe, ou pas ?
Complexe, non. Mais pas simple ni facile, car nous devons continuer à cumuler l’ensemble de nos engagements de femme, de mère et de dirigeante. Mais nous y arrivons, surtout si nous sommes soutenues par notre entourage familial.
Cette question vous parait-elle toujours d’actualité, ou est-elle dépassée ?
Cette question est dépassée, même s’il peut rester quelques poches de résistance dans certains secteurs d’activité.
Vous faites partie du Comex de la CPME qui s’est féminisé ces dernières années, c’est une bonne chose ?
Il est maintenant admis que cette mixité est plus profitable en matière de réflexions, d’actions à définir et plus particulièrement de modalités d’expression de positionnements en faveur des TPE-PME que nous représentons.
« Pour un monde digital inclusif » : c’est le thème choisi cette année par l’ONU. L’idée est d’autonomiser les filles et les femmes par le numérique. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Avez-vous une initiative à nous partager ?
Je pense immédiatement à l’Afrique et à tous ces jeunes qui ne cessent de « créer », « d’inventer », sans avoir aucunement accès au numérique, car se trouvant dans des zones non connectées. Certes, le numérique peut faciliter cet objectif de permettre une plus grande autonomie, mais de grâce, n’en faisons pas le seul moyen de l’atteindre.
CATHERINE GUERNIOU, MEMBRE DU COMEX DE LA CPME ET DIRIGEANTE DE LA FENETRIERE
Femme et dirigeante en 2023 : une équation complexe, ou pas ?
Pas tant que ça ! Je pense que nous avons beaucoup d’avantages et de respect de nos pairs, surtout après quelques années d’entrepreneuriat. Il y aura toujours des mots ou des paroles inappropriées… Mais c’est tellement obsolète qu’ils se ridiculisent eux-mêmes !
Cette question vous parait-elle toujours d’actualité, ou est-elle dépassée ?
Elle n’est pas dépassée car certaines femmes rencontrent des difficultés, d’où l’importance d’être dans des réseaux, des associations, des organisations professionnelles comme la CPME, afin de ne pas être isolée.
Vous faites partie du Comex de la CPME qui s’est féminisé ces dernières années, c’est une bonne chose ?
Bien entendu, cela apporte de la mixité, un regard différent et complémentaire !
« Pour un monde digital inclusif » : c’est le thème choisi cette année par l’ONU. L’idée est d’autonomiser les filles et les femmes par le numérique. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Avez-vous une initiative à nous partager ?
Les études montrent que 2 emplois sur 10 dans les sciences, les technologies de l’information et de la communication sont occupés par des femmes. Il en résulte une perte importante du PIB. C’est un très bel exemple : les femmes apportent bel et bien de la valeur ajoutée sur cette planète ! Il faut bien entendu veiller à ce que la technologie soit utilisée de manière inclusive, accessible et équitable, et que cette prise de conscience s’applique à tous les autres secteurs.
Sur la photo, de gauche à droite : Gabrielle Godon, Joëlle Prevot Madère, Catherine Guerniou